BIANCA & LAUREL

It's easy to fall in love but it's so hard to break somebody's heart. What seemed like a good idea has turned into a battlefield. Once lust has turned to dust and all that's left's held breath, forgotten who we first met. What seemed like a good idea has turned into a battlefield.

Les basses crachaient leur musique electro depuis quelques heures maintenant et Laurel aurait été prête à parier que, si quelqu'un avait éteint la machine, elle pourrait continuer à entendre les boom boom résonner dans ses tympans. Au milieu de la piste de danse, elle n'avait fait que se déhancher, souriant dans l'euphorie du moment et l'ivresse à venir, levant ses bras bien au dessus de sa tête comme si elle avait cherché à atteindre le plafond coloré de la boite de nuit, glissant ses doigts dans ses cheveux blonds et lisses, faisant briller ses boucles d'oreille et sa robe à strass. Laurel était belle et elle le savait ; Laurel faisait se tourner les yeux, captivait certains regards, forçait les sourires sans effort, aurait certainement pu faire chavirer les coeurs les plus solitaires. Et pourtant, Laurel ne partageait ni son cœur, ni son corps. Tous deux battaient à l'unisson pour une seule et unique personne, Bianca ; tous deux avaient été marqué aux fer rouge d'une propriété qu'elle avait longtemps adoré. Bianca qui les avait accueilli, Bianca qui les avait aimé, attendri, et au final poignardé. Que faisait-elle ici ce soir, en compagnie de quelques compagnons de boulot ? A enchaîner les verres, glousser bêtement en faisant danser ses doigts manucurés sur le comptoir du bar à néons, à s'accrocher aux cous d'inconnus en tournant résolument les lèvres dès que son partenaire sans nom approchait les siennes. Que faisait-elle ici, à l'autre bout de la ville, loin de son appartement et de la brune qui devait s'être pelotonnée sous les couvertures du lit qu'elles partageaient ? Elle voulait punir Bianca, se disait-elle. Elle voulait faire comme elle, lui montrer à quel point briser un cœur était facile. Il suffisait d'un baiser, il suffisait d'un toucher pour écraser la fragilité des sentiments. Laurel demandait justice dans sa robe trop courte et ses talons trop hauts ; Laurel voulait voir des larmes rouler le long des joues de celle qui aujourd'hui encore restait sa moitié. Pourtant, toute sa colère et son ivresse ne suffisaient pas à lui faire sauter le pas, à faire passer les hypothèses vengeresses d'imaginaires à réelles. Alors, ce soir, elle avait continué à se déhancher jusqu'à entendre les videurs annoncer la fermeture proche. Elle s'était engouffrée seule dans un taxi hélé d'une voix au goût alcoolisé, avait murmuré l'adresse de son appartement, leur appartement, et avait grimpé les escaliers tant bien que mal, faisant résonner du son de ses talons le couloir menant jusqu'à sa porte. Devant, elle ferma un instant les yeux, se laissa tanguer vers l'avant jusqu'à poser son front sur la surface froide de bois. Son sac coincé contre sa poitrine, elle fouillait d'une main malhabile à la recherche de la petite clé qu'elle ne trouvait pas. L'énervement grimpa, ses doigts s'agitant encore jusqu'à faire tomber le sac à main dans un bruit mat. Un juron s'échappa de ses lèvres et les forces qui lui restaient se perdirent dans les brumes éthyliques. Elle resta là encore quelques minutes, fixant la sonnette qui la narguait sans honte. Mordillant l'intérieur de ses joues, elle avança l'index jusqu'au bouton, sonna deux fois pour tirer Bianca du lit.